lundi 15 janvier 2007

Mon "VHS KAHLOUCHA"

Cela fait maintenant des mois et des mois que j'entends parler de ce film qui, près de deux ans après son bouclage, a fini par être distribué et connaît actuellement un succès qui restera, à mon avis, dans les annales du cinéma Tunisien.
Malgré le fait que j'avais tout lu et tout entendu à propos de ce film, je n'avais pas de parti pris (tout le monde le disait génial) en sortant de chez moi par cette humide soirée; arrivé à la salle de cinéma, je m'étonne de l'affluence car la fraîcheur de cette nuit et l'heure tardive ne prêtaient pas à une sortie nocturne; bref, je prends mon ticket que je paye tarif plein (le tarif étudiant n'étant que pure chimère ).
Premières images premiers éclats de rire, je sentis que le film allait énormément me plaire mais petit à petit le rire laissa place à des pincements au coeur puis à un réel bouleversement (bien que les pitreries de Kahloucha et les commentaires des divers intervenant prêtaient souvent au fou rire).

Ce documentaire à travers Kahloucha et différents habitants de la cité "Kazmet" dresse un portrait assez noir de la Tunisie (cela explique peut-être les problèmes de distribution du film). Ce qui dérange dans ce documentaire c'est sa sincérité, ainsi lorsque les différents personnages évoquent la misère dans laquelle ils vivent (chômage, analphabétisme, criminalité, immigration clandestine etc.) on sent que cela n'est pas surfait mais que c'est bien réel , cela m'a d'autant plus touché que moi du haut de mes cinq années d'études supérieures et de mes ambitieuses perspectives de carrière, j'avais oublié qu'il pouvait exister à quelques Kilomètres de moi des gens aussi désespérés et dont les seuls perspectives sont la cuite du soir, l'immigration clandestine ou encore la prison.
Ce qui est encore plus bouleversant c'est la façon dont ces personnes affrontent leur quotidien : dans la dignité et la bonne humeur; ils sont désespérés et blasés mais ils gardent la tête haute et ils sont tout sauf pitoyables
Quand on voit que certains pataugent pour survivre tandis que d'autres s'enrichissent (ce n'est pas une critique du moment que cela se fait dans la légalité), cela explique (mais n'excuse pas) la haine et l'envie qui les poussent parfois à commettre l'irréparable (vol, braquage,etc.) , malheureusement "elKazmet" n'est pas un cas isolé, il en existe beaucoup d'autres dans le pays.
En tout cas chapeau bien bas monsieur Nejib pour ce moment d'anthologie, bravo pour cette intelligence et cette finesse dans le tournage; vous avez réussi en une heure vingt à remettre les pendules à l'heure et à monter que finalement cette Tunisie ne va pas aussi bien qu'on le dit.

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