Arrêtons de parler au nom du peuple

Qui peut prétendre parler en mon nom ou le tien ou le votre ? La réponse est : personne!

J’en ai assez d’entendre les uns et les autres prendre la parole et dire : le peuple veut ceci ou cela ! Personne, je dis personne n’a le droit de parler de parler au nom des 10 millions et quelques tunisiens. Et même l’élection libre et transparente d’un nouveau dirigeant ne pourra changer cela. Un président ou un gouvernement élu (et pas à 99%) ne pourra, légitimement, agir qu’au nom de la nation et il existe une différence fondamentale entre les concepts de « nation » et de « peuple ». La nation est une institution collective traçant de grandes lignes (tels que son nom, son histoire et sa constitution) dans lesquels se retrouvent, au-delà de leurs croyances, les citoyens. Un peuple, par contre, n’est pas un ensemble mais des individus dont chacun a son éthique, sa vision de la vie, de la religion etc. Le peuple n’est donc pas un corps mais une addition d’individualités. On peut donc parler au nom de la nation (quand on est élu) mais certainement pas à celui du peuple.

D’ailleurs, je constate que, ces temps-ci, le mot « peuple » est galvaudé à tort et à travers, notamment par certains nos médias nationaux qui privés de bottes mauves à lécher versent dans une propagande populiste qui commence franchement à me donner la nausée.

Il y’a quelques semaines et jusqu’au 14 Janvier, un consensus existait : « Ben Ali dégage » mais cela fait partie du passé. Aujourd’hui, deux bords s’affrontent: ceux qui demandent la tête de Ghannouchi ou ceux qui militent pour son maintien avec, cependant, un point commun : la fâcheuse tendance à parler au nom du peuple Tunisien et l’irrespect total de l’opinion de l’autre (qu’on soit pour ou contre le gouvernement de Ghannouchi, on se fait traiter de tous les noms de toutes manières). C’est bien triste car l’existence même du débat est très positive dans la perspective d’une démocratie future.

Alors de grâce, exprimons nous dans le respect des autres et rappelons nous qu’une opinion n’engage que celui/celle qui l’émet (comme cette note qui est le reflet de mon point de vue personnel).